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Touzazimutin

Vis ma vie de star à Cannes

24 Mai 2016, 10:43am

Publié par Zazimutine

Vis ma vie de star à Cannes

 

D'accord, le festival est terminé, je ne suis pas un star, et je vis en Bretagne, mais.... avec un peu d'imagination...

6h30: mon réveil sonne, je l'éteins en soupirant; bigre, mes draps en satin sont drôlement rêches ce matin!

6h45: mon majordome m'apporte mon café au lit; je le trouve drôlement familier aujourd'hui, il m'a embrassée!

7h: j'enfile mon gilet en pilou déshabillé en soie et descends déjeuner; impossible de remettre la main sur mes mules en peau de renard argenté, tant pis;

7h02: le petit-déjeuner n'est pas prêt: pas de croissants, pas d'oeufs brouillés, pas de caviar, rien! Et je crois entendre le majordome prendre une douche dans MA salle de bains, je rêve! Le Hilton n'est plus ce que c'était! La mort dans l'âme, je me décide à me servir moi-même, je monte le tapis rouge à 9h, s’agirait pas que j'arrive en retard!

7h15: je file prendre ma douche;

7h30: à peine sortie de la douche, je vois passer dans le couloir deux femmes de chambre lilliputiennes, à vue de nez je dirais, respectivement 1m20 et 1m27; leur tenue de travail ressemble à s'y méprendre à un pyjama, l'hôtellerie de luxe est en crise décidément! Bref. Je décide de rester zen ce matin, s'agirait pas d'augmenter ma ride du lion avant l'épreuve des photographes!

7h40: après m'être généreusement aspergée de parfum et enduite de gel-corps pailleté (pour les photos), je file dans mon dressing enfiler ma robe de soirée et mes escarpins. Premier constat: mon dressing ressemble à un placard. Deuxième constat: je ne vois aucune robe de soirée; je décide finalement de mettre le bustier et le pantalon en satin mis pour le mariage de M. en 2007. Il y a presque 10 ans. Je refoule les pensées qui me viennent selon lesquelles j'aurais pris quelques kilos depuis mes grossesses. Je suis une star, je remets mon jean taille 36, une semaine après avoir accouché, point.

7h45: nuls escarpins dans mon dressing; je tombe sur la seule paire de chaussures à talons que je possède: des sandales bronzes, compensées, mises au mariage (encore!) d'un cousin en... 1999. Je savais que j'avais raison de les garder!

7h50: je file me maquiller. Les deux soubrettes entraperçues tout à l'heure viennent m'ennuyer à la salle de bains, me demandant de les aider à s'habiller "What's the fuck?? S'agirait pas d’inverser les rôles, petites demoiselles" que je leur réponds (et toc!).

8h05: je suis maquillée comme une voiture volée; je me précipite vers mon coffre à bijoux. Je superpose les colliers et les bracelets que j'ai fort discrets, pour plus de volume. Je finalise le tout en plantant, dans ma chevelure de reine, un petit peigne en plastique brillant gagné à une pêche aux canards (dans une autre vie).

8h10: je pars. Devant chez moi, je surprends trois paparazzi (2 chats et un merle); j'attends ma limousine.

8h30: j'attends toujours ma limousine...

8h45: je me décide à me conduire moi-même dans mon scenic-limousine; rien ne me sera épargné aujourd'hui!

9h35: je suis evidemment en retard pour la montée des marches, ils ont déjà rangé le tapis rouge. A ma sortie de voiture, je dois quand même me frayer un chemin parmi la foule.... de mouettes. Je les salue d'un geste amical.

9h36: c'est fou comme le palais des festivals ressemble à mon ancien lieu de travail. Celui de quand j'étais pas encore une star de cinéma (y a longtemps).

9h45: me voici dans la salle de projection. C'est fou comme cette salle ressemble à mon ancien bureau, celui de quand... enfin vous savez, y a longtemps. Je me demande pourquoi je suis la seule spectatrice (ce film doit être vraiment underground), et si l'écran des salles de projection est toujours aussi petit. J'appelle l'hôtesse d'accueil, celle-là même qui a appelé la sécurité quand elle m'a vue arriver, avant de partir d'un fou-rire lorsqu'elle m'a reconnue (les fans ont parfois des réactions bizarres). Je lui demande quel film est prévu en projection. Elle me propose "Agenda" et "Dossier urgent". Bien que guère inspirée par les titres, je décide de prendre les deux.

10h: j'arrête de visionner "Agenda", c'est ennuyeux à mourir. Je suis à deux doigts de sortir de la salle, quand le téléphone sonne. C'est mon agent. Elle me propose de renouveler mon contrat, il est question aussi d'élargir mes horaires l'an prochain. Je lui demande le montant du cachet et qui fera partie du casting. Après un long moment de silence, elle me dit qu'elle préfère réfléchir avant de me répondre et raccroche.

11h: "Dossier urgent" manque de suspense; le scenario est vide et les acteurs vraiment inexistants (au sens propre, en fait), je renonce. C'est vraiment très très underground pour le coup.

12h: j'attends le taxi qui doit m'emmener déjeuner.

12h30: pas de taxi...

13h: je réalise qu'ils manquent peut-être de carburant, "pénurie" d'essence oblige. J'appelle l'hôtesse d'accueil et lui demande de me faire livrer un sandwich au caviar (je suis toujours en manque de ma dose matinale) avec une demi-bouteille de champagne. Il faudra vraiment que je signale au directeur du festival le manque de courtoisie de cette hôtesse, qui prétend que faire livrer des repas ne fait pas partie de ses "attributions de secrétaire". Heureusement que je suis une actrice qui a "grandi à l'école de la rue", cela me permet de ne pas tomber dans la condescendance et le mépris envers les petites gens.

13h30: un fan se présente de manière spontanée. Je ne sais pas comment il a fait pour franchir la sécurité. Grande dame, je daigne lui signer un autographe. Je fais semblant de ne pas remarquer que la feuille qu'il me fait signer excuse son "absence aux cours ce matin"; probablement un hommage à mon dernier film, celui ou je jouais le rôle de.... enfin vous savez.

15h: n'ayant visiblement pas d'autre projection de prévue, je décide de rentrer au Hilton me préparer pour le cocktail des stars ce soir. Je passe au Grand Journal avant.

15h05: tant qu'à faire, autant rentrer avec ma voiture maintenant;

16h: j'arrive à l'hôtel; je trouve que décidément, les établissements étoilés sont très surfaits, eu égard au fait qu'il n'y a même pas de réceptionniste pour m'accueillir.

16h05: je me fais couler un bain; je vide la boite de sels de bain dedans (l'excès, la signature des vrais artistes);

16h30: gommage intégral (oui j'ai dit intégral, on ne sait jamais).

16h35: rinçage intégral (oui j'ai dit intégral, les petites billes de gommage restent collées dans les plis, tous les plis)

16h45: après mon troisième rinçage, j'attaque la manucure des pieds

17h15: manucure des mains en cours

17h30: brushing; je vide la bouteille de laque; je ne sais pas s'il est normal que mes ongles attachent autant à mes cheveux...

18h: la réception ne daignant pas  m'envoyer de maquilleuse officielle, je me maquille en suivant un tuto "maquillage de stars" sur youtube;

18h02: le jaune sur les yeux, finalement, je ne suis pas sûre... Bon tant pis, je n'ai plus le temps.

18h15: je réfléchis une nouvelle fois devant mon micro-dressing; je ne peux décemment pas remettre la même tenue que ce matin;

18h30: j'opte finalement pour un costume d'homme étangement présent dans mon dressing; le côté très décalé fera de moi la star la mieux habillée du festival; youpi je vais passer dans "Elle".

18h45: le téléphone sonne, je ne réponds pas; une star doit se faire désirer

18h50: le téléphone sonne...

18h55: le téléphone pleure; ça doit être un réalisateur très désireux de me faire tourner! (Spielberg?)

19h: il me semble que répondre au bout de 4 coups de téléphone est un délai raisonnable pour une star; je décroche; c'est mon majordome, furieux. Il est question d'enfants, d'école, de fermeture de garderie, bref, du grand n'importe quoi. Il faudra que je signale à la réception la consommation inappropriée de drogues dures de la part du personnel de l'hôtel.

19h10: je suis prête à partir pour le Grand Journal; la limousine se fait attendre encore une fois. Je me jette un dernier coup d'oeil dans le miroir. Je ressemble à un croisement entre Marilyn Manson et Charlot; ça va le faire (le buzz).

19h15: je m'apprête à faire preuve encore une fois d'une rare abnégation dans ce milieu, en prenant ma voiture. Au moment où j'ouvre la porte pour partir, je me retrouve nez à nez avec le majordome visiblement très en colère, et les deux petites soubrettes en pleurs. Il me demande ou je vais "habillée comme ça"-"voir Michel Denisot, et veuillez régler vos problèmes de personnel rapidement!" lui dis-je d'un ton peu amène en tournant les talons. Le majordome prend tout à coup un air très fatigué et me retient par le bras; il me propose une coupe de champagne avant de partir. Il est très séduisant en réalité, avec ses petits plis soucieux au coin des yeux.. Plus que Michel Denisot. Mais moins bronzé. En plus, je n'ai pas encore bu de champagne aujourd'hui...

23h57: je crois bien que le majordome m'a saoulée avec le champagne et que je me suis endormie sur le canapé. J'ai loupé le Grand Journal. Et le cocktail des stars. Ma carrière est foutue.

PS: si vous voulez lire la fois où j'ai passé un vrai casting de cinéma, c'est ici.

Photo: Nicolas Richoffer pour metronews

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L
Pas d'épilation au programme ?
Répondre
M
j'adooooore !!! tu m'enverras une photo dédicacée ???
Répondre
Z
Bien sûr! Je suis très bienveillante avec mes admirateurs (école de la rue, tout ça... ;) )