En 1000 morceaux mon coeur de mère se brisa
Ce soir, en allant chercher mes filles à l'école, il s'est passé un drôle de truc.
Ma fille ainée était en train de jouer à un jeu: le principe rappelle un peu 1-2-3 soleil, on met de la musique, les enfants dansent, et lorsque la musique s'arrête on ne doit plus bouger d'un pouce. Celui qui est pris en train de bouger est éliminé.
Lorsque je suis arrivée donc, le jeu venait de commencer. Pour une fois que ma fille jouait à un jeu collectif et semblait se lâcher sur la musique, je l'ai encouragée à continuer jusqu'au bout. Au fur et à mesure, les enfants sont devenus de moins en moins nombreux, si bien qu'à la toute fin, il ne restait plus que ma fille et sa meilleure copine en lice. Et c'est là que ça s'est passé. Tout à coup, pour le dernier tour qui allait voir consacrer la gagnante, les enfants se sont mis à crier pour encourager celle qu'ils voulaient voir gagner. Ils se sont tous mis à scander le nom... de la copine. Pas un seul n'a crié le nom de ma fille. La copine a gagné. Tous les enfants se sont rués sur elle. Et mon coeur a volé en éclats.
Je ne sais même pas si ma fille a remarqué la chose, elle est venue vers moi et nous sommes parties. Elle ne m'en a pas reparlé. Je sais donc que c'est ma vision d'adultes qui ne prend pas cette anecdote à la légère, mais en même temps, ma fille manque de confiance en elle, et je me demande quelles répercussions ce genre d'incident peut avoir sur elle.
C'est très banal au fond, cette histoire, c'est juste souffrir pour/avec ceux qu'on aime. C'est déjà le cas avec nos parents, nos frères et soeurs, nos amis. J'ai même le sentiment que c'est là que se situe la véritable preuve d'amour.
Je me souviens petite, d'une anecdote où j'ai vu mon frère pleurer dans la cour de récréation. Je suis allée vers lui et lui ai demandé ce qui se passait. Il m'a expliqué que Eric B s'était moqué de lui. Je me souviens de la colère que j'ai ressenti alors et de ce que je lui ai dit "je vais lui casser la gueule à Eric B", et j'avais vraiment envie d'en découdre! J'étais en CP et mon frère en CM2.
Je m'attendais donc à ressentir la même chose pour mes enfants. Ce n'est fatalement pas une surprise de souffrir pour ses enfants, mais c'est dur, vraiment dur. D'autant plus qu'ils sont petits et encore désarmés devant ce genre de situation. D'autant plus qu'on sait "ce que ça fait", ce qu'ils peuvent ressentir et qu'on se sent impuissant à les protéger. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est de ressentir une forme de "responsabilité", à défaut d'une certaine culpabilité. Après tout, si ma fille souffre, n'est-ce pas de notre faute à nous qui avons tant désiré son existence? Je me souviens qu'avant d'avoir des enfants, je tombais souvent sur des interviews de célébrités qui, devenues jeunes mamans, disaient "devenir mère m'a rendue plus forte". Ah bon? Moi je crois que cela m'a fragilisée. Je sais aujourd'hui quel est mon talon d'Achille... J'en ai même deux.
PS: je me rends compte que je n'écris plus de billets rigolos en ce moment... mais ça va revenir!