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Touzazimutin

Le préféré du plus beau du plus meilleur

6 Novembre 2017, 16:42pm

Publié par Zazimutine

Le préféré du plus beau du plus meilleurLe préféré du plus beau du plus meilleur
Le préféré du plus beau du plus meilleurLe préféré du plus beau du plus meilleur

 

Jeudi dernier, tandis que je soufflais d'ennui devant "Danse avec avec les stars-en-mal-de-célébrité" (eu égard aux 12000 coupures publicitaires, mais pas que) m'est venue une certaine lassitude, dont je vous livre l'objet ici.

Ne vivrions nous pas dans une société qui prône la perfection et la performance? (voyez un peu, j'ai frôlé l'entorse du cerveau!)

A la télé, les émissions de "concours" ont envahi  les petits écrans. Il ne s'agit plus d'être un bon pâtissier mais d'être le meilleur, on ne se contente plus du label "plus beau village de France", non, il faut être le préféré. Meilleur couturier amateur (Cousu main), meilleur boulanger de France, meilleure nouvelle découverte de la chanson française (The Voice, Nouvelle Star), meilleur aventurier (Koh Lanta et compagnie)... Sur les réseaux sociaux, et sur Instagram en particulier, les "stars" sont les comptes qui totalisent le plus grand nombre possible d'abonnés, les images sont toujours plus belles, les vies toujours plus parfaites.

Si on y réfléchit bien, ce phénomène de société est loin d'être nouveau.

Lorsque j'étais gamine, la société des années 80-90 mettait déjà en valeur les élites. La beauté tout d'abord, c'était alors la grande mode des mannequins-stars: Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, on portait aux nues ces filles aux proportions parfaites. 90-60-90, voilà quelles étaient les mensurations (impossibles!) à atteindre. 

Côte études, c'était la grande époque des math sup-math/math-spé. Au lycée, dans ma classe, tout le monde voulait être ingénieur, sans même savoir en quoi consistait ce boulot. Mais c'était comme ça: la voie royale comme on disait, consistait à intégrer une prépa, puis une école d'ingénieurs. Il s'agissait alors d'être le plus intelligent (scolairement parlant, j'entends).

Aujourd'hui on pourrait donc se réjouir qu'il ne s'agisse plus seulement d'être beau ou intelligent. Les métiers manuels ont été mis à l'honneur, et c'est certainement une bonne chose pour toutes ces nobles professions, qu'elles suscitent de véritables vocations, et qu'elles soient ainsi valorisées: boulanger, cuisinier, pâtissier... Oui, mais ça ne suffit plus. Car pour "s'épanouir" (sous-entendu: gagner de l'argent, et/ou acquérir la célébrité), la société des médias nous recommande d'être, encore et toujours, le/la meilleur/e.

Jusqu'où irons-nous dans cette compétition effrénée?

Va-t-on assister à la naissance de nouveaux programmes: meilleur médecin, meilleur prof, meilleur plombier, meilleur facteur..., avec toutes les dérives que cela pourrait entrainer en termes de recherche de rentabilité? (Ah, mais on me dit en régie que ça existe déjà: chaque année, nous avons droit au classement des meilleurs établissements hospitaliers, celui des meilleurs lycées, le tout reposant sur des arguments de performance plus que discutables...)

Je me demande quelles répercussions ce culte de la performance peut avoir auprès des jeunes générations, en matière de confiance en soi. Que penser de soi en effet, si l'on ne possède aucune passion particulière comme la couture, la danse, ou la chanson? Est-on quand même digne d'intérêt si l'on n'est pas le meilleur en quoique ce soit, quand bien même on excellerait dans plein de domaines? Et que dire de ceux qui n'excellent en rien, ou qui cherchent encore leur voie? La société actuelle nous propose de sortir de l'anonymat grâce à notre talent. Plus besoin d'être beau, ou intelligent, du moment que l'on possède un don. Oui, mais si l'on a aucun talent particulier? Même pas un incroyable talent, qui nous permettrait au moins d'avoir notre minute de gloire dans l'émission du même nom, avec notre numéro de danse des narines version macarena?

J'ai justement entendu plusieurs fois mes filles se plaindre qu'elles n'avaient aucun talent particulier. Comme en réalité la majeure partie de la population. 

Alors je m'inquiète de cette recherche de perfection à tout prix, et des conséquences destructrices qu'elle pourrait avoir sur tous ceux qui manquent d'estime de soi.

Je me demande comment s'en prémunir:

- s'agit-il de ne pas cautionner en boycottant systématiquement ces émissions?

- l'éducation des enfants, le discours bienveillant leur rappelant que chaque être est un être unique, est-il suffisant?

Et surtout, que deviendra ce grain de sable éducatif face à la pression des pairs et de la société?

Finalement, quand accepterons-nous, en tant qu'individu, de rester parmi la foule des anonymes? Quand cesserons-nous de croire cette société qui nous fait miroiter un destin exceptionnel à coup de télé-réalité? Moi-même, est-ce que je ne me surprends pas parfois à rêver que mon blog va un jour être suivi par des milliers de lecteurs?

Accepter d'être unique, sans être forcément exceptionnel.

Vaste programme.

 

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L
Je suis un peu lassée de toute cette course à la perfection et la compétition, surtout que je ne suis pas comme ça. Bien sûr que je suis perfectionniste mais pas au détriment des autres, vouloir toujours faire mieux et en écrasant les autres. <br /> Après la compétition est saine si c'est juste pour se donner une petite motivation, essayer de s'améliorer, chacun tire vers l'autre vers le haut ! <br /> Accepter d'être unique c'est un grand challenge, tout le monde est exceptionnel à sa façon mais encore faut il en être persuadée, ça c'est bien plus dur !
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Z
Oui la compétition peut être une source de motivation c'est sûr. Mais c'est plus le message général qui comme toi, me lasse ;)
L
sans boycotter, mes enfants ne regardent pas ces émissions. Ils s'en fichent en réalité. Pourtant, mon ado est un compétiteur né. Le souci n'est sans doute pas ces émissions... mais ce qu'on en fait et pourquoi certains participent. Un boulanger qui aime le challenge, la compétition et qui en prime peut se faire un peu de pub n'a aucune raison de se priver. je n'ai jamais regardé aucun télé crochet, mais bon... pourquoi pas... de toute façon, à un entretien d'embauche, on est aussi en compétition. Ce qui me gêne plus c'est si ce mode de sélection (parce que c'est de ça dont il s'agit) est imposé. Mais personne n'impose à un boulanger d'être le meilleur. Même si pour les clients, c'est sympa. :)
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Z
Pour avoir lu différents témoignages, le mode de sélection est de toutes façons biaisé! Il faut "bien passer" à la caméra, avoir de la personnalité, surement être agréable à regarder, pour être sélectionné, même si tu n'es pas le meilleur. Je m'ose imaginer la déception de toux ceux qui sont recalés!
L
Les meilleurs font toujours plus rêver... et vendre...<br /> Maintenant c'est de la télé, ces émissions trichent en mettant en avant, en exagérant en appuyant sur certains points, en lissant l'image, en mettant de jolis décors, musique... mais au final ce sont surement de très bons cuisiniers, pâtissiers, danseurs, chanteurs, mais il y en a énormément d'autres beaucoup moins connus, qui restent dans leur coin et ont autant voir parfois plus de talents.<br /> J'aime tout autant voir les talents locaux autour de chez moi notamment chez les artisans... après pour ceux médiatisés, c'est souvent un sacré coup de pouce, une récupération de nouveaux clients, mais certains peuvent ensuite prendre la grosse tête et la qualité derrière peut en pâtir.<br /> <br /> Bref nous verrons bien ce que la société et ce que nous "créons" dans quelques années
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Z
Oui c'est sûr, c'est un coup de pouce pour certains mais ils se comptent sur les doigts d'une main...<br /> Oui tu as raison, le but d eta télé n'est de toutes façons pas de faire la promotion de tel ou tel métier mais juste de faire de l'audimat!
M
C'est une vraie réflexion très intéressante que tu nous offres là. Je ne m'étais pas posée la question jusque là mais tu as plutôt raison. Je n'ai pas les réponses mais je retiendrai ta conclusion qui me fait écho "Accepter d'être unique, sans être forcément exceptionnel".
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Z
C'est pas évident, je le reconnais! Je crois que c'est la tendance de l'être humain à vouloir sortir du lot...
M
Une réflexion intéressante...<br /> J'avoue que je boycotte la télé depuis quelques temps. Quelques dessins animés pour les enfants, des séries Netflix pour nous le soir et... C'est tout. Et franchement, pas d'informations, pas toutes ces émissions que tu cites et je m'en porte bien mieux. Cela ne me manque même pas.<br /> Concernant la compétition effrénée, je fais partie de ces gamins intelligents à qui on n'a pas laissé le choix. Tu es forte en maths, peu importe tes passions, tes talents, prépa et école d'ingénieurs tu feras... Et on voit où j'en suis 15 ans plus tard. Nulle part et partout à la fois, à me remettre en question et à resonder mes passions.<br /> <br /> Bref, tu as raison de te poser ces questions là mais les réponses ne sont pas simples<br /> <br /> Virginie
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Z
Quel dommage qu'on ne t'ait pas laissé le choix! D'un autre côté, à 18 ans est-ce que tu savais ce que tu voulais faire du reste de ta vie? Moi, je le croyais, je l'ai fait, et je ne suis plus très sûre aujourd'hui...