Les jours d'après
Il y a donc eu ce jour de vous savez-quoi lundi dernier. Ce jour un peu foutraque où tout sembla aller de travers dès le début: l'oubli d'un pique-nique pour notre sixième, les larmes de désespoir de notre CE2 à l'annonce du nom de son instituteur, mon arrivée trop tardive au travail...
Et puis il y eut les autres jours.
Le jour où j'accompagnai pour la première fois miss Choco au collège et où je la trouvai si petite au milieu des grands collégiens, que j'eus l'impression qu'elle rapetissait à vue d'oeil.
La fois où, après m'avoir écouté verser dans le lacrymal, un papa copain me demanda si c'était elle ou moi qui rentrais au collège.
Le jour où nous eûmes enfin son emploi du temps et où je crus m'arracher les cheveux à y comprendre quelque chose: les semaines A, les semaines B, les groupes 1 et les groupes 2, les accompagnement personnalisés, les temps pédagogiques et les options...
Le moment où j'écoutai, étonnée et soulagée, miss Choco, ma grande sauvage, mon infinie timide, me raconter qu'elle évoluait dans un petit groupe de 6 filles, chacune cooptée par une copine de l'autre, et combien c'était chouette le self et les cours d'arts plastiques.
Les nombreuses fois où je l'attendis "à la sortie" et où je regardai d'un air hagard sortir des élèves aussi grandes et plus développées du haut du corps que moi (WTF??).
Les multiples moments où j'essayai de décoder tous ces nouveaux mots dans sa bouche: vie scolaire, toutatice, perm', foyer...
L'instant où je réalisai que son langage avait déjà changé.
Il y eut le soir où je compris que si miss Bonbon était si pénible, c'était probablement parce que l'attention était, de fait, focalisée sur sa soeur.
Il y eut tous les matins où j'arrivais à l'heure au travail, en me disant que finalement, avoir deux enfants qui commencent à une heure différente, présente des avantages.
Il y eut l'inquiétude de savoir comment on allait se débrouiller les jours où je suis en déplacement. Et puis le moment où je me rendis compte, qu'au fond rien n'avait vraiment changé.
Alors il y eut le week-end plein de douceur, les grasses matinées, les jeux dans le jardin, le restaurant, et la balade en vélo ponctuée d'arrêts sur la plage, la mer tellement étincelante dimanche, comme un clin d'oeil: "t'inquiète, ça va aller!".
Et enfin, la sérénité.